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Naissance d'une coopérative en Mongolie
J'ai découvert
les yourtes en 1995, lors d'un voyage en Mongolie où j'accompagnais
une randonnée ý cheval. Passionné d'habitat alternatif, j'ai tout
de suite été conquis par la perfection de ce logis nomade et j'ai
rapporté une yourte d'occasion en France. Ma vocation d'importateur
date du montage de cette yourte. J'y avais convié quelques amis,
plusieurs ont eu le coup de foudre et m'ont demandé de leur en rapporter
une.
Lors du voyage suivant,
je me suis mis ý la recherche d'un fabricant, mais je me suis vite
rendu compte de la complexité d'une telle quête. En Mongolie, il
est quasiment impossible de trouver une yourte complète toute prête.
Il faut acheter chacun des éléments ý l'artisan qui le fabrique
(treillis, toono, perches, porte, feutres, cordes, bâches), ajuster
ces éléments entre eux, puis les faire peindre et décorer.
J'ai donc cherché
et réuni quelques artisans qui acceptent de travailler ensemble
pour aboutir ý une yourte complète. Une sorte de coopérative
informelle s'est insensiblement et progressivement créée qui, en
2002, s'est transformée en la très officielle "Coopérative
Mongole de fabrique de yourtes". Cette petite entreprise désormais
bien rodée est en mesure d'assurer la confection des yourtes de
tailles les plus courantes. Mais aussi, sur commande, de yourtes
plus exceptionnelles, de grande taille, ou sculptées.
[Voir les artisans travailler]
Arrivée des
yourtes à Marseille
Dans le même temps, il
a fallu dénouer les arcanes de l'administration mongole, directement
issue de l'influence soviétique. Car, si pour exporter une
yourte " souvenir de Mongolie " il n'en coûte que quelques bakchichs,
il en va tout autrement pour en exporter un container.
La yourte est inscrite
au patrimoine de l'UNESCO. Son exportation dépend de trois ministères
- la culture, l'agriculture et l'industrie - auxquels s'ajoutent
d'autres organismes - la chambre de commerce, les transitaires,
les transporteurs, les Douanes, etc. Le parcours administratifs
lié à l'exportation des yourtes est accompagnée
d'une litanie répétée ý l'infinie de : baïrguè, mederguè, margach &(Il
n'est pas lý, je ne sais pas, demain).
Pour chacun de ces organismes,
il faut remplir des liasses de formulaires en Mongols, parfois sous-titrés
en Chinois ou en Russe, rarement en Anglais, et jamais en Français.
C'est ý ces moments-lý que l'on apprécie le patient traducteur local
accoutumé ý ces papiers administratifs très codifiés et qui sait
ý quel moment le petit cadeau est le bienvenu. En Mongolie, avec
de la patience, quelques sourires et une bouteille de vodka, tous
les problèmes arrivent ý se régler.
Une fois les containers
plombés par les douanes Mongoles, après un long voyage en train
et en cargo, il ne reste plus qu'ý venir les récupérer deux mois
plus tard au port de Marseille. Lý, s'il reste bien quelques formalités
ý accomplir, la langue n'est plus une barrière, et la curiosité
et l'étonnement des douaniers français est plus personnelle que
professionnelle. Dès que l'État a affecté ses taxes, les
yourtes peuvent enfin êtres remisent ý leurs acquéreurs.
Les acquéreurs de yourte trouvent sans cesse
de nouveaux usages à cette habitation nomade. De la résidence
secondaire à la salle de spectacle, ils font preuve d'une
imagination à la hauteur des potentialités d'une structure
originale, ingénieuse et multi-fonctionnelle.
[Voir les nouveaux modes de vie]
Eric Loux
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